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  • Photo du rédacteurVéronique Marie Aubry

Festival de cannes


M’accoissant à un distrayant spectacle depuis fort longtemps, quand le jour fut venu, accoutrée de mes plus beaux affublements, je m’en fus le cœur vaillant vers ce bonheur convenu. Affairée à cette idée, je m’étais ornée pour l’achoison de la bagatelle offerte par un galant de ma connaissance. Une breloque, certes en toc, mais qui faisait toquer mon cœur à la limite de la pâmoison.


Bellement parée, dans mon carrosse fièrement attelé de quelques chevaux titillés par un lionceau, je battis ma campagne dans l’allégresse vers une grange sise près d’un buissonet. En ce buron, souvent, je me rendais et m’étalais dans tout l’espace que les absences de fréquentation engendraient.


Mais, en ce jour de grâce mâtinée, le lieu était fort empli d’amples anciennes reliques à reluquer. De ma vie, jamais, je n’en avais vu autant grouillant et grommelant, grinçant et grivoisant. Dans le cliquetis d’un festival de cannes, à la queue leu-leu, je me mis au diapason pour obtenir le « sésame ouvre-moi » de la porte de ces lieux.


Mais avec toupet, le troppelet s’attroupait et m’empêchait d’approcher. Sans vergogne, telles des bêtes de somme, les tristes sieurs aspergés d’Eau de Cologne et les chieuses patentées et permanentées, s’agglutinaient et se piétinaient à qui mieux-mieux pour s’entasser dans la salle des festivités.


J’aurais dû ne pas faire de vieux os dans cette assemblée, mais vite prise en tenailles, je ne pouvais plus ni avancer ni reculer. « Comment veux-tu te défiler ? » me suis-je radoté. J’avais tout de même ajouté quelques kilomètres à mon compteur et ne me voyais pas déjà sur le retour.


Quand enfin, je pus poser mon séant sur l’unique antique fauteuil revêtu d’un haillon de velours vieux-rose, mes oreilles furent assaillies par les piaillements d’une douairière qui gourmandait ses jaseuses de voisines sourdes comme un pot, qui ne s’entendaient pas.


Une Marguerite moins vache s’en mêla et finaude, s’esbaudit des parements de la plaignante qui tout sourire, s’oublia. Libérée des péronnelles, je pus enfin me désespérer des énumérations d’énurésies de mon voisin et du détail de tous les remèdes dont à perpète, il devait faire ripaille.


C’est alors que la toile s’éclaira sur les enthousiastes aventures d’un tétraplégique qui paralysa enfin la langue de tous les sujets de sa Majesté, la Gériatrie…


©Véronique Marie Aubry


Du vieux français ! Accoisser = Se préparer ; Affublements = Vêtements ; Achoison = Occasion ; Buissonet = Petit bois buissonneux ; Buron = Cabane ; Troppelet = Petite troupe ; Gourmander = Réprimander sévèrement ; Jaser = Parler avec médisance ; S’esbaudir = S’émerveiller

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